Il pourrait paraitre étonnant de parler de renouveau pour une discipline aussi jeune que l’addictologie. C’est pourtant bien ce qu’on constate aujourd’hui et qui traduit le dynamisme des chercheurs, des cliniciens, des soignants et des acteurs de terrain.

Issue de la psychiatrie et de pratiques basées sur la relation, l’addictologie investit les champs prometteurs de la connaissance tels que l’épigénétique, la pharmacogénétique, la chimie… Les outils les plus performants sont mobilisés, qu’il s’agisse de l’imagerie, ou de techniques d’études comme la randomisation mendélienne.

Le champ de la thérapeutique n’est pas en reste. Alors que la vague de la contre-culture des années 70 avait diffusé des drogues dans le but ” d’ouvrir les portes de la perception “, le potentiel curatif des psychédéliques est exploré et testé efficacement dans le traitement des dépressions et des addictions au tabac et à l’alcool.

Le renouveau concerne aussi les pratiques professionnelles avec l’avènement des infirmiers de pratique avancée, qui débouche sur le développement des compétences et un haut niveau de maîtrise.

La montée en puissance des patients experts, la mobilisation de leurs compétences sur la base de leur expérience et d’une formation, est à la fois un gage de meilleure réponse aux besoins des personnes et un formidable challenge pour les professionnels.

Le développement des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP), de plus en plus utilisées notamment dans les comorbidités psychiatriques et addictives, permettent de répondre aux plus hauts niveaux d’exigence en mobilisant les professionnels de différentes disciplines dont les compétences sont indispensables pour prendre une décision accordant aux patients la meilleure prise en charge en fonction de l’état de la science.

Ces quelques exemples de renouveau concernant la discipline s’arrêtent encore au seuil des décideurs politiques, dont les initiatives très prudentes ne sont pas à la hauteur de l’efflorescence positive et tout azimut de la discipline. Le statut juridique du cannabis est toujours dans un décalage spectaculaire avec la réalité des consommations. Trop souvent, la répression est envisagée comme la seule politique possible malgré les échecs répétés de la guerre à la drogue. Les campagnes de prévention restent timides et bien en deçà des enjeux, et le financement de la recherche demeure étique.

Le renouveau de la discipline fera nécessairement bouger les lignes.
Et comme chaque année, le Congrès de l’ALBATROS sera le reflet de ce dynamisme.

Bon congrès à tous !